Beaucoup d’eaux ont coulé depuis que qu’il m’a été confié le privilège de raconter les débuts ö combien glorieux de cette alliance. Et de nombreuses personnes ont dû penser que j’avais abandonné devant le défi qui m’incombait.
Je viens ici faire acte de contrition et pour prouver ma bonne foi, voici donc la suite de cette épopée.
Alors que la Ligue semblait grandir paisiblement, celle-ci ne se doutait pas qu’elle allait devoir affronter ses démons. Une lassitude s’était installée au sein de la Ligue. Un fossé s’était creusé subrepticement entre ses dirigeants et les citoyens. D’un côté, les Sages se rendaient compte que les citoyens ne semblaient pas porter d’intérêt à leurs propositions, d’un autre, les citoyens ne comprenaient pas l’intérêt de participer à la politique de la Ligue.
Pour bien comprendre cette période, il s’avère nécessaire de revenir sur l’organisation de cette formidable alliance. Le système politique de la Ligue était à l’époque un peu différent. L’organisation semblait à priori assez identique, d’un côté un organe dirigeant qu’on appelle le Conseil des Sages et de l’autre les citoyens qui votent les lois. Seulement, à l’époque, les Sages étaient composé des fondateurs et de citoyens entré par cooptation (c’est à dire désigné par les Sages déjà présents). Ce Conseil élaborait la politique de la Ligue et faisaient voter les décisions importantes par les citoyens.
Ainsi, plus le temps passait, plus les Sages commençaient à appliquer directement les décisions sans vote pour gagner du temps et de l’efficacité. D’un autre côté, les citoyens se sentaient de moins en moins écoutés, et se détachaient de plus en plus des décisions.
Un matin, alors que les différents seigneurs de la Ligue se rendent à l’Agora pour se tenir au courant de la vie de l’alliance, une troupe armée leur barre le passage. Interdiction de rentrer à tous les citoyens. De grandes affiches annonçaient la prise en main des clefs de la Ligue par un personnage au nom inconnu. Les citoyens, outrés de ce coup d’Etat, se retrouvèrent dans une taverne pour mettre en place la rébellion (et oui ! une taverne était le meilleur endroit : plein à boire pour ne pas se déshydrater à force de parler !). Chaque citoyen fit l’inventaire de ses forces et ressources pour se préparer à la bataille lorsque la rumeur se répandit que le renégat voulait parlementer avec les grands seigneurs de Délos. Ces derniers, imaginant un coup tordu, se rendirent en force au lieu de rencontre. Quel ne fut pas leur étonnement en découvrant devant eux les seigneurs Mattathias Macabis et Kwijibo !Ce coup d’Etat fut vécu comme une trahison et la fureur du peuple s’abattit sur les anciens chefs.
Cette sombre histoire affecta grandement la confiance des Seigneurs dans la Ligue et ses valeurs humanistes et nombreux sont ceux qui quittèrent sur le champ la Ligue. Quelques uns partir au sein d’autres alliances (notamment les U.A.J), et un groupe important formèrent une nouvelle alliance. L’alliance semblait sur le point de sombrer complètement…
Alors que tout semblait perdu (en témoigne les messages des ambassadeurs étrangers qui passèrent lors de cette journée tristement célèbre pour donner un « dernier » hommage à la Ligue), des voix s’élevèrent pour proclamer leur attachement à cette alliance et aux valeurs qu’elle véhicule. Je me souviens particulièrement d’un discours glorieux de Kaiser proclama « Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là ! » (in Les châtiments de Victor Hugo). Cet appel revigora les troupes et un noyau dur de pro-délosien se forma.
De nombreux échanges se firent alors afin de faire rentrer au bercail les brebis égarées et retrouver l’unité.
C’est à ce moment là qu’émergea au sein de la Ligue la personnalité de Solon dont voici le témoignage sur cette époque :
« Malgré mon grand âge, je me remémore encore bien cette époque. A cette époque, cela faisait déjà un petit moment que j’étais dans la Ligue et je connaissais bien ses membres. Je fus moi-même abasourdi pour ce qui passait pour la plus grande trahison et ma dévotion à la Ligue fut largement ébranlée. Je peux l’avouer maintenant, mais je me mis à réfléchir aux alliances potentielles qui seraient désireuses d’accueillir en son sein un empire en plein essor. Cependant, je ne pouvais me résoudre à voir cette fière alliance sombrer si soudainement dans le néant et, je compris rapidement qu’il restait une poignée de fidèles qui ferait tout pour sauver la Ligue, dont Kaiser qui fut l’un de ses grands défenseurs. Les discussions que j’eus en privé avec mon frère, le seigneur Kanon, m’amena à penser que l’on pouvait faire survivre la Ligue autour de quelques « jusqu’au boutistes » si je puis dire.
Mais si l’on ne voulait pas devenir une alliance en sursis rêvassant sur ses gloires passées, condamnée à disparaître lentement et inexorablement, je savais qu’il fallait ramener au bercail le plus possible de membres. De plus, ce clash était la preuve patente d’un défaut du système et qu’une remise à plat du fonctionnement devait être faite. On ne pouvait espérer redonner confiance dans la Ligue, et donc rassembler à nouveau notre communauté, sans un nouveau mode de gestion. Et pour cela, il fallait prendre en compte tant les aspirations de la base que les tourments des dirigeants qui les ont amené à commettre l’irréparable (ou presque).
Mais il fallait faire vite, car le temps jouait contre nous, chaque heure qui passait distendait un peu plus les liens. Je m’attelai donc à la tâche, m’enfermant dans mon cabinet pendant de longues heures et veillant jusque tard afin d’élaborer une Constitution.
Il y avait au même moment de nombreuses discussions pour tenter de faire revenir dans la Ligue tous les anciens, dont une grande partie avait fondé une nouvelle alliance dans la précipitation mais ces derniers semblaient ne rien vouloir entendre, même sur un éventuel changement dans l’organisation. Il est vrai certes, qu’il n’y avait pas de proposition concrète et bien défini avant mon arrivée un matin avec « Les Lois de Solon » (référence direct à Solon, dont les lois amenèrent la démocratie à Athènes. Décidément, le choix de ce nom était prédestiné !) que j’exposa dans un grand discours intitulé « Une réforme pour la L.D ? Vers plus de démocratie ». Je fis également part à la nouvelle alliance du système que je proposais pour tenter de les faire revenir.
Il y eut un vif débat et les critiques tombèrent en masse. Certaines pleines de bons sens, d’autres moins. Cependant, le débat se cristallisa sur des propositions concrètes. Au sein de la Ligue, il y avait des tempéraments très différents. Et mon système ne plaisait pas forcément à tout le monde de par ses rouages complexes, et en ce sens des critiques étaient tout à fait légitimes. Bob qui était très attaché à la Ligue était particulièrement méfiant de ce système pour un certain nombre de principe idéologique. Nous avions des conceptions assez différentes. C’est donc avec lui que les discussions les plus intéressantes se firent car, nous étions très différents et en même temps, nous voulions la même chose : sauver la Ligue et la porter sur des bases pérennes. De plus, Bob était à l’époque au Conseil des Sages mais avait été tenu à l’écart des objectifs dictatoriaux de Mattathias Macabis.
De nos efforts conjoints naquirent le nouveau système démocratique qui a perdurer jusqu’à sa fusion avec la nouvelle alliance et dont les principes se font également sentir dans cette nouvelle alliance. »
Le nouveau système créé, des tractations eut lieu avec les anciens délosiens pour les faire revenir. Cette tâche s’avéra difficile mais, la médiation de la bienaimée Analyss atténua les tensions et son action fit revenir la plus grande partie des Délosiens.
La Ligue était sauvée et, grâce à ses nouvelles bases, elle entra alors dans une nouvelle ère qui s’avéra la plus glorieuse de son histoire.
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